L'ART ET LE CORPS, L'ART ET LA NATURE
L'ART ET LE CORPS
La représentation du corps humain est absolument essentielle dans l’art – et en particulier dans la culture occidentale. En se représentant, l’homme affirme sa place dans le monde, et rivalise, en tant que créateur, avec la nature qui l’entoure. Représenter le corps humain fut d’abord, largement, une entreprise de conquête de l’homme sur l’univers qui l’environne. Au fil du temps, les artistes acquièrent une maîtrise technique qui va de pair avec une connaissance de l’anatomie humaine. Aux figures figées de l’art égyptien, destinées, avant tout, à être immédiatement compréhensibles pour le spectateur, et à conserver, sur terre, l’image d’un défunt, succèdent les corps plus déliés et plus naturalistes de l’art grec.
C’est en Grèce en effet qu’a lieu la première “révolution” fondamentale dans la représentation de la figure humaine. Au lieu de se contenter de conventions formelles établies, l’artiste
grec se sert de ses propres yeux. Il cherche à rendre compte du corps de l’homme tel qu’il le voit, dans la réalité. Il veut montrer ses muscles, sa structure osseuse, l’articulation de ses membres. Et en même temps, il garde toujours le souci d’une certaine idéalisation. Dans l’art romain, une étape est marquée vers davantage de réalisme. En effet, l’artiste va non seulement chercher la vraisemblance, mais encore la ressemblance, par exemple dans les portraits d’empereurs. Au Moyen Age, la représentation du corps humain est intimement dépendante du Christianisme. Les corps représentés sont moins sensuels. Les artistes n’insistent plus sur la matérialité de la chair. On s’éloigne de la nature pour valoriser l’aspect spirituel. L’art est avant tout au service de la religion, il sert d’abord à enseigner : les formes représentées doivent donc être simples, lisibles.
Un nouveau chapitre s’ouvre à la Renaissance. C’est le moment où les artistes renouent avec l’Antiquité grecque. La perspective, l’anatomie, les proportions idéales, la représentation du corps en mouvement sont autant d’aspects qui fascinent des génies comme Léonard ou Michel-Ange.(1)
L'ART ET LA NATURE
La notion de nature sera entendue dans son sens large, comme l’ensemble des êtres et des réalités qui environnent l’homme. Comme telle, la nature englobe une grande partie de l’activité scientifique, investit la pensée mythico-religieuse, stimule l’imaginaire et sert de référence à l’esthétique. À travers les médiums artistiques et les domaines de l’histoire de l’art les plus variés, sans restrictions chronologique ou spatiale, la nature sera interrogée autant comme inépuisable pourvoyeuse de formes à imiter que comme modèle d’activité créatrice.
Fondement de la beauté et de la morale, victoire sur le chaos, la nature est très souvent perçue comme un grand système de signes à déchiffrer et suscite bien des interprétations. Glorifiée comme un ensemble parfaitement ordonné, elle peut néanmoins laisser surgir des exceptions qui confirment ou perturbent les certitudes.
Le principe qui veut que l’art tire son excellence de son rapport à la nature a entraîné toutes sortes d’effets de trompe-l’œil, de dissimulation et d’illusion qui touchent parfois à l’artifice, ce qui se vérifie tant dans l’art des jardins que dans les spectacles optiques, sans parler des interventions et des appropriations opérées par des artistes contemporains, que ce soit in situ, sur un territoire privé ou au sein de leur atelier. Des jardins aux cabinets de curiosités, des représentations de la nature (natures mortes, paysages, allégories…) à l’art environnemental, de l’Arte Povera à l’EarthArt…, la mise en scène de la nature ouvre de nombreuses pistes de réflexion.
La nature est aussi un milieu, un habitat, une force active, un corps vivant à l’œuvre, dont des peintres, des graveurs, des photographes, des cinéastes et des performeurs ont montré qu’elle pouvait tour à tour être apaisante, consolatrice, généreuse, protectrice, merveilleuse, indifférente, terrifiante et cruelle.
La forêt de Fontainebleau, tôt (re)dessinée par les chasses du roi et envahie au XIXe siècle par les peintres, les photographes et les écrivains, offre un exemple rare d’un paysage largement construit par le monde de l’art — un paysage subjectif qui s’est imposé dans l’imaginaire collectif et impose encore aujourd’hui aux gestionnaires de la forêt d’en tenir compte.
La forêt de Fontainebleau, son château, ses décors, ses jardins et ses plantes seront revisités au cours de ces trois jours à l’aune de l’actualité de la recherche : depuis les dernières découvertes sur l’art rupestre bellifontain jusqu’aux aménagements actuels des jardins et à la gestion même de la forêt.
Historiens, archéologues, jardiniers, botanistes et paysagistes invitent à découvrir l’art des jardins, depuis ses plus extraordinaires exemples antiques jusqu’à ses formes les plus actuelles, entre mythes et réalité. Il sera question du concept du « Mur Végétal » de Patrick Blanc comme des jardins pittoresques, des réaménagements des jardins des Tuileries ou des fouilles archéologiques menées dans les jardins du Palais des Papes d’Avignon. Sous la forme d’une conversation, le paysagiste Louis Benech et l’historien des jardins Hervé Brunon s’entretiendront « de la douceur au jardin ».
Les intervenants de tous horizons questionneront la pluralité des créations artistiques qui traitent de questions environnementales, en revenant sur leur histoire, leurs formes fétiches, leurs croyances. Qu’est-ce in fine que l’art écologique ? Comment redéfinit-il le rapport à la nature ? Quels sont ses combats ?(2)
(1) : http://www.culture-sens.fr/pour-se-faire-une-idee/1474/comment-est-represente-le-corps-dans-lart
(2) : http://festivaldelhistoiredelart.com/festival/edition-2017-nature-etats-unis/le-theme-nature/